Un terrain de lutte

Témoin actif d'une société en pleine mutation, le spectacle vivant permet aux voix militantes de s'élever et aux questions de genre de s’inviter sur les planches. Il devient ainsi un lieu de résistance, de réflexion et de transformation sociale.

Militante engagée, passionnée de culture et avant tout de danse, ancienne pratiquante de roller derby et surtout animatrice au Planning Familial 45, Clémentine Blachon-Renouard jongle entre ses multiples casquettes pour vous dévoiler son trio de spectacles pour mieux questionner le genre.

Des représentations audacieuses 

Le féminisme, dans sa diversité et sa richesse, ne se limite pas aux seuls enjeux des femmes cisgenres*, mais englobe aussi les luttes des femmes racisées, des femmes trans*, des personnes non-binaires* et des minorités de genre*. Il est donc essentiel d’adopter une lecture intersectionnelle* pour comprendre les nombreuses oppressions qui s'y croisent et se renforcent. Ainsi, le féminisme peut ainsi devenir un fil conducteur pour une société plus juste et plus égalitaire. En présentant des récits féministes qui prennent en compte ces réalités multiples, les artistes et les structures culturelles ouvrent un véritable espace de réflexion. Avec sa programmation 24/25, le Théâtre d'Orléans / Scène nationale interroge justement les stéréotypes de genre, la violence symbolique* et les inégalités qui en découlent. 

Derby, pièce qui place au cœur du récit des femmes+ pratiquant le roller derby, est un exemple frappant de la manière dont le spectacle vivant peut déconstruire des idées préconçues sur la féminité et la compétition. Ce sport, souvent perçu comme une activité violente et donc "non-féminine", devient un lieu d’émancipation pour des femmes qui, au travers de leur corps et de leur énergie, revendiquent leur place dans un univers sportif dominé par les hommes. Loin des stéréotypes habituels liés à la douceur ou à la fragilité des femmes, le roller derby est ici un outil de résilience, de solidarité et de transformation de soi.

Avec son approche poétique et mystérieuse, Geh nicht in den Wald, im Wald ist der Wald invite à repenser les relations entre les individus et la nature. Les figures féminines qui peuplent cette œuvre ne sont ni passives ni soumises, mais actrices de leur propre destin. La forêt, en tant que lieu symbolique, devient un espace de liberté et d’émancipation où les stéréotypes de genre sont remis en question, et où les femmes, loin d’être des proies, prennent le contrôle de leur histoire.

Entre chiens et louves, quant à lui, s’attaque de front à la question de la rivalité entre femmes et à la façon dont la société façonne ces rapports par des attentes normatives. Dans cette œuvre, la parole féminine s’affranchit des codes traditionnels, mettant en scène une tension entre des figures féminines qui se définissent hors des cases conventionnelles. Ce spectacle est un appel à la solidarité féministe, en déjouant les mécanismes de compétition qui nous sont souvent imposés.

Un outil de sensibilisation et de transformation

De par sa capacité à toucher un large public et à incarner des discours souvent invisibilisés, le spectacle vivant joue un rôle fondamental pour déconstruire les stéréotypes, questionner les normes sociales et repenser nos comportements. Dans cette perspective, l’éducation populaire, associée à une programmation militante, permet d’offrir un espace de dialogue autour de ces questions fondamentales. Ces créations portées par des réflexions sociétales se font l'appui du travail de sensibilisation, quotidien et colossal, réalisé par les équipes de structures comme le Planning Familial Loiret (actions éducatives et de sensibilisation, ateliers, rencontres, échanges avec le public...).  

Des œuvres artistiques comme Derby, Geh nicht in den Wald, im Wald ist der Wald et Entre chiens et louves sont des leviers puissants pour inviter le public à imaginer, ensemble, un futur où les genres ne sont plus vécus comme des contraintes mais plutôt comme des possibilités multiples.